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Luxury talk : Véronique Sanders - Directrice Générale du château Haut-Bailly

Situé sur la rive gauche de la Garonne à quelques kilomètres de Bordeaux, Haut-Bailly fait parti des rares Crus Classés de Graves de l'appellation Pessac-Léognan. Son vignoble de 30 hectares, son climat, la richesse de ses sols et des siècles de travail, confèrent à ses vins un statut d'harmonie et d'élégance. Véronique Sanders, Directrice Générale de Haut-Bailly depuis 1998 nous immerge dans cet univers d'exception.


Parlez nous de votre parcours universitaire et professionnel, qu'avez vous fait avant de reprendre la direction de Haut-Bailly ?


Après deux ans de préparation à l'ENS - Hypokhâgne/Khâgne, j'ai obtenu une licence d'économie puis le diplôme du Magistère au CELSA à la Sorbonne. Ma carrière professionnelle a débuté chez Publicis-FCB à Paris puis à Prague où j'ai eu l'occasion de faire beaucoup de sémiologie et d'études de marchés. J'ai décidé de revenir à Bordeaux afin de parfaire mes connaissances sur le vin. C'est Jean-Jacques de Bethmann, le propriétaire du château Olivier, qui m'a réellement mis le pied à l'étrier, en me demandant de m'occuper pour lui du marché allemand.

Suite à la vente du château Haut-Bailly par mon grand-père Jean Sanders, le nouveau propriétaire Rober G. Wilmers - un banquier américain- m'a confié le poste de Directrice Commerciale en 1998 puis Directrice Générale en 2000. C'est lui qui m' a donné la chance de réaliser mon rêve. Mon arrière grand père Daniel Sanders et mon grand père avaient mené la propriété de 1955 jusqu'en 1998. J'ai souhaité diriger le domaine dans un esprit de continuité familiale mais avec un dynamisme renouvelé grâce aux investissements importants de ce nouvel actionnariat. Mon objectif: permettre aux vins de Haut-Bailly d'atteindre l'excellence et perpétuer leur élégance.


Comment s'est passé ce changement de profession pour vous, d'un point de vue professionnel ?


Il y a énormément de points communs entre le monde de la communication et mon métier actuel. Même ma formation de classe préparatoire servit lorsque j'ai dû travailler sur l'histoire de la propriété. Le travail que nous avons élaboré avec une historienne ces dernières années a fait appel à mes compétences en lettres (un très bel ouvrage sur Haut-Bailly va sortir au printemps). De même que j'avais beaucoup étudié lors de mon cursus au CELSA les sciences humaines qui s'avèrent être primordiales pour gérer une entreprise. Une formation très variée, très diverse est un plus et une première expérience dans un autre domaine d'activité est toujours bonne à prendre.


Selon vous quelles seraient les compétences clés pour atteindre un poste comme le votre ?


La première compétence serait déjà d'aimer le vin et s'y intéresser. C'est un métier que l'on fait par passion, on peut travailler 365 jours par an sans avoir l'impression de travailler ! Et la météo ne vous laisse jamais au repos... Il faut être prêt à intervenir quel que soit l'événement climatique qui survient. De même pour la période des vinifications : les levures travaillent 7 jours sur 7... D'un point de vue commercial, nous sommes beaucoup sur la route puisque nos vins se vendent pour 85% à l'export, il y a des mois entiers où l'on ne rentre pas chez soi. Rendez-vous tôt le matin, déjeuners de presse et grands dîners rythment souvent mon quotidien en voyage. C'est un métier de passion qu'on ne peut pas faire à moitié.

Ensuite avoir une formation la plus variée et riche possible est nécessaire : non seulement une formation technique liée à la production (ingénieur agro, oenologue) mais aussi une formation axée sur les relations extérieures, parler plusieurs langues étrangères est un must. Enfin, plus on a de compétences en gestion et en management mieux c'est.


Pourriez vous nous décrire une de vos "journée type" ?


Il n'y en a pas réellement. Tout s'organise au fil de la journée sans même parfois que j'ai le temps de m'occuper des choses auxquelles je pensais le matin même. Il faut être réactif, surtout en ce moment nous passons notre temps à nous adapter aux conditions de problématiques de la crise sanitaire. Mais pendant les vendanges, la journée type commence par aller dans les vignes pour estimer la maturité des baies de raisin, continuer dans le chai pour goûter les premiers jus de ce qui est déjà rentré, recevoir des courtiers des négociants et clients du monde entier ou bien déjeuner avec des passionnés de vin. L'architecture nous occupe beaucoup également : nous sommes en train de terminer la construction de nouveaux chais... les travaux ont toujours été présent sur l'une ou l'autre de nos propriétés (Château le Pape) donc de nombreuses réunions de chantier font aussi partie de notre rythme. Et puis nous aimons recevoir à la propriété, partager ce que nous faisons avec ceux qui aiment le vin.


Qu'est ce qui vous enthousiasme le plus dans votre métier ?


La diversité du métier, la richesse des contacts. C'est un métier où on a la chance de rencontrer des personnes passionnées. Nous recevons beaucoup de gens qui aiment les bonnes choses et la vie, des écrivains mais aussi des cinéastes, des hommes politiques, des ambassadeurs, et même des rois et des reines...


Par rapport aux autres châteaux du Pessac-Léognan, qu'est ce qui selon vous fait la force de Haut-Bailly ?


Nous puisons notre force dans le fait que l'on aime être qui nous sommes, nous nous intéressons assez peu à ce qui se passe autour et nous ne nous positionnons pas en différenciation, nous essayons de respecter notre terroir au maximum, de faire des vins qui nous ressemblent et correspondent à notre style. Nous ne voulons pas suivre les modes. Beaucoup de gens parlent de Haut-Bailly comme étant un vin authentique. Les valeurs de la propriété résident dans la passion de la qualité. Cela nous donne une identité très forte, nous n'avons jamais changé de style et faisons très peu de communication. Haut-Bailly est connue pour être une propriété discrète qui produit des vins élégants, soyeux, précis et réguliers. La qualité de notre terroir fait notre force.


Comment gérez vous la situation du covid-19 ?


Il faut savoir que la majorité des châteaux de Bordeaux, dont Haut-Bailly, ont une très forte proportion de vente à l'export. C'est même historique puisqu'à Paris les vins de Bordeaux ont été découverts très tard, les routes n'existaient pas à l'époque et les vins de Bordeaux partaient par bateau dans le monde entier. Quand le monde s'est arrêté de tourner en mai dernier, on ne pouvait plus recevoir nos clients du monde entier ni voyager. Nous avons donc été contraints de nous réinventer : en juin nous avons réussi à faire une campagne primeur alors que tout le monde restait chez soi. Nous apprenons donc à réinventer notre métier, je suis fascinée de voir comment les choses changent. En ce qui nous concerne, nous avons tellement voyagé avant que nous connaissons bien nos clients et nous pouvons leur écrire, les appeler... C'est beaucoup plus difficile quand on démarre et qu'on ne connait pas sa clientèle. Si de nouvelles clientèles se développent grâce au online retail, d'autres se perdent, je pense notamment aux restaurateurs, aux duty-free et aux lignes aériennes. Bordeaux et le monde du vin en général a toujours connu des crises, il n'y a qu'à voir les incendies en Californie qui ont ravagé énormément de terres. Les crises prennent toutes sorte de forme qu'elles soient environnementales, économiques ou sanitaires, elles ont toujours existé. Cependant notre terroir est là depuis plusieurs siècles et existera encore dans plusieurs siècles, il faut alors s'organiser pour traverser ces périodes compliquées le mieux possible, et préserver nos métiers tout en réinventant.


Un dernier conseil pour des jeunes étudiants en école de commerce qui souhaite s'orienter dans le monde du vin ?


Connaître très bien le produit en faisant notamment des stages de vinifications pendant les vendanges. Il faut être au contact du produit pour savoir ce dont on parle, c'est la base du métier. Il faut aussi beaucoup déguster, beaucoup s'intéresser et voyager dans les vignobles du monde entier quand ce sera possible. Le monde du vin est un merveilleux monde de civilisation...


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