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Luxury Talk : Paul-Emile Gerlier, Data Analyst - La Bouche Rouge Paris

Updated: Feb 2, 2021

Grâce à son témoignage, Paul-Emile nous fait découvrir le rôle de Data Analyst au sein d'une maison de cosmétique de luxe responsable : La Bouche Rouge Paris. Une start-up engagée qui pourrait bien faire changer les codes de la cosmétique.


Pourrais-tu te présenter et expliquer ton parcours ?


Je m’appelle Paul-Emile Gerlier j’ai 24 ans et j’ai fait un stage chez La Bouche Rouge en tant que Data Anaylist. Après le Bac, je suis allé à l’université de Nanterre en Eco-Droit. Je ne m’y suis pas totalement plu car je trouvais qu’il y avait une très grande barrière entre les professeurs et les étudiants et je n’étais globalement pas très satisfait. J’ai décidé de partir à l’étranger pour m’ouvrir l’esprit et partager avec des personnes différentes. Je suis parti à Saint Louis University dans le Missouri pour faire un major en business administration, puis à Séoul en Corée du Sud à Yonsei University. La Corée m’attirait particulièrement car contrairement au Japon ou à la Chine, on ne parlait pas beaucoup de la Corée à l’époque en dehors des questions géopolitiques. La Corée m’intéressait pour son aspect « futuriste » avec beaucoup de nouvelles technologies.


Quel est était ton rôle chez la bouche rouge ?


J’étais data analyste, c’est-à-dire responsable de traduire des données en informations qui ont du sens pour les autres services. A l’occasion du lancement de La Bouche Rouge à Londres, j’ai également été envoyé sur place pour former les équipes de vente chez Harrods et transmettre les valeurs de la marque. C’est l’avantage des start-ups, on te demande de faire des choses différentes en dehors de ton domaine de compétence initial. C’est très varié et le meilleur environnement pour apprendre !


Qu’est-ce-que La Bouche Rouge ?


La Bouche Rouge est une maison de rouge à lèvres. J’insiste sur le mot « maison » car cela reflète la notion d’artisanat. La grande majorité des éléments du rouge à lèvres sont faits à la main et mettent en lumière l’excellence du savoir-faire français, sauf le packaging qui est réalisé en Italie.

Le concept de La Bouche Rouge est très simple : Celui de faire un rouge à lèvres éco-responsable, qui respecte tout d’abord son utilisateur car il n’y a aucun produit nocif pour la santé mais aussi l’environnement car il est rechargeable et la recharge elle-même est recyclable. Il y a près de 1 milliard de rouge à lèvres jetés chaque année et les composants ne peuvent généralement pas être recyclés. Ils sont faits d’aimants, de métaux de plastiques etc. Le concept de La Bouche Rouge est né d’une volonté de faire les choses différemment.



D’où est venu l’idée de faire des rouges à lèvres de Luxe éco-responsables ?


Le projet est né des valeurs du fondateur de La Bouche Rouge, Nicolas Gerlier, et de son passé professionnel au sein de grandes marques de cosmétiques de Luxe comme Lancôme et Armani. Il y a vu un « Weak signal » (Un indicateur d'un problème potentiellement émergent, qui pourrait devenir important à l'avenir). Il était évident pour lui qu’il fallait transformer l’industrie des cosmétiques en proposant des produits performants, éco-rechargeables et responsables sans plastique tout en célébrant le savoir-faire Français.


En quoi le rouge à lèvres proposé par la bouche rouge est-il plus durable que les autres ?


Comme je l’ai déjà mentionné, le rouge à lèvres de La Bouche Rouge est rechargeable et recyclable. Il est également végan. Plus important encore, il ne contient pas de microplastiques. Le microplastique est souvent utilisé en cosmétique pour donner de la matière, de la texture, pour rendre un produit plus épais ou onctueux. C’est une matière pas chère, facile à produire et qui se conserve bien et c’est pour cela qu’on le retrouve absolument partout. Par exemple dans certaines crèmes solaires : pour que la crème pénètre votre peau plus rapidement. Ils sont très polluants et ils présentent aussi un risque pour l’homme : si des microplastiques se trouvent dans votre rouge à lèvres, vous en mangez, tout simplement. Les rouges de La Bouche Rouge ne contiennent pas non plus de perturbateurs endocriniens. La formule à été énormément travaillée et est tellement « propre » que vous pouvez en manger sans problème ! Vous trouverez cette petite phrase sur le site « So clean you can eat it ».


Comment la bouche rouge intègre le développement durable et l'humanisme dans ses activités ? Quels sont les différents engagements de La Bouche Rouge ?


Premièrement, au travers du processus de production : à tous les niveaux, La Bouche Rouge fait en sorte d’avoir toutes les certifications possibles en ce qui concerne la traçabilité. La maison est également très impliquée dans le projet de Eau Vive Internationale au Togo. Eau Vive Internationale est une ONG de référence quant aux problématiques liées à l’accès à l’eau en Afrique. Les organisations qui creusent des puits en Afrique n’assurent en général pas un réel suivi derrière sur un plus long terme : le puit peut être alors laissé à l’abandon, l’eau peut ne plus être potable ou certains individus peuvent se l’approprier. Au Togo, Eau Vive Internationale crée ces infrastructures et met en place un réel accompagnement et une sensibilisation des populations locales au travers de l’éducation des jeunes et des formations, dans le but d’assurer la qualité de l’eau sur un plus long terme.


La Bouche Rouge soutient ce projet en reversant 100L d’eau potable à l’association dans le cadre de leur programme au Togo. Cette collaboration est constante, s’inscrit sur le long terme et n’est pas juste une action ponctuelle. Pour renforcer son engagement, L’équipe s’est même rendue au Togo en avril 2019.


Précision hors-interview : Le 6 avril 2019, l'équipe de La Bouche Rouge s'est envolée pour le Togo. Nicolas Gerlier, fondateur de la Maison, était accompagné de deux mannequins et ambassadeurs, Mélodie Vaxelaire et Louise Follain, qui défendait ce projet économique positif, aux côtés du photographe sud-africain Ulrich Knoblauch. Louise et Mélodie ont contribuées à la création d'un puits dans le village grâce aux ventes de leur teinte "Folie ».



Pourquoi une stratégie de mono-produit ?


La stratégie d’offre mono-produit s’inscrit dans la tendance actuelle, on en voit de plus en plus. C’est aussi Nicolas Gerlier qui, grâce à sa connaissance du secteur, a repéré cette opportunité sur le marché. Les produits éco-responsables vendus à l’époque n’étaient souvent pas très « sexy», c’était une occasion de lancer un produit de Luxe qui soit à la fois désirable, glamour et respectueux de l’environnement. L’idée est de démontrer qu’il est tout à fait possible de faire des produits de Luxe qui ont du sens. Le rouge à lèvres était celui avec le plus de potentiel. Bien faire les choses demande du temps, il faut rester exigeant et ne pas faire les choses de manière précipitées, d’où la concentration sur un unique type de produit. La Bouche Rouge a bien consolidé son offre initiale et propose désormais d’autres types de produits plus axés sur le « soin » comme des gommages, des soins de nuit. Viendront peut-être d’autres produits dans le futur.

Parlons un peu plus de ton expérience de stage. A quoi ressemble le quotidien d'un Data Analyst dans une entreprise de luxe?


Le quotidien d’un Data Analyst pour être franc est bien souvent derrière un ordinateur. C’est un poste très minutieux qui demande beaucoup de concentration. Pour ne pas rester trop longtemps bloqué sur une problématique je m’aérais souvent l’esprit en allant discuter avec mes collègues qui m’apprenaient beaucoup. Le Data Analyste est très indépendant et travaille en autonomie la plupart du temps, il est en quelque sorte son propre « maître ». On te fixe un certain nombre d’objectifs et de choses à trouver et ensuite le data analyste trouve lui-même comment y arriver et interpréter ses résultats.


En quoi le Data Analyst est-il important dans le secteur du luxe comparé à d'autres industries?


Le secteur des cosmétiques de luxe est extrêmement compétitif. Une entreprise qui arrive à cibler précisément ses cibles potentielles, les besoins de ses clients et à qui le produit s’adresse le mieux développe un fort avantage compétitif. Data analyste est un poste extrêmement important aujourd’hui dans chaque industrie et de plus en plus. Je pense même qu’il n’y en a pas assez pour la demande. Mon rôle était vraiment de trouver le profil du parfait client de La Bouche Rouge mais l’objectif peut être complètement différent selon le secteur et le produit.



Quelles sont les compétences clés d'un Data Analyst ?


Il faut être d’abord très patient, car on ne trouve pas les réponses à ce que l’on cherche en un seul clic. Il faut aussi avoir un bon esprit d’analyse et être un peu « matheux », savoir jouer avec les chiffres et les formules. C’est comme un jeu dans lequel on donne une énigme pour laquelle personne n’a jamais trouvé de solution, il n’y a pas la réponse qui t’attend à la fin si tu n’as pas trouvé après le délai fixé. Tu es responsable de la trouver. Il faut savoir prendre de la hauteur, réfléchir à la meilleure procédure et à la meilleure formule pour faire apparaître les « insights » désirés. Il faut savoir modéliser et avoir des bonnes notions de statistiques. Parfois mon travail me faisait penser à l’épreuve du G-mat. Bien sûr, en ce qui concerne les logiciels, savoir utiliser Excel est primordial, je l’utilisais beaucoup chez La Bouche Rouge et cela est suffisant. Pas forcément besoin d’être un expert, j’ai beaucoup appris en faisant et en demandant de l’aide aux bonnes personnes.


Aurais-tu un conseil pour un jeune étudiant qui souhaite avoir une expérience de Data Analyste


Je conseille de le faire dans une start-up : Le fait d’être totalement autonome et de se « débrouiller » pour réussir les missions données est très formateur. L’apprentissage en Start-up est accéléré repousse tes limites car tu dois trouver les solutions par toi-même, il n‘y pas forcément de mentor, ou de responsable de stage qui vérifie derrière. Après ce qui est cool c’est que tu as le temps de réfléchir et on ne s’ennuie jamais. C’est vraiment comme résoudre des énigmes et il faut dépasser le cliché du Data Analyst « Geek » qui mange des spreadsheets excels toute la journée. C’est un poste dans lequel il est réellement possible de s’amuser et c’est aussi très satisfaisant quand tu parviens à trouver la solution.


Une start-up c’est bien car tu peux toujours te rendre utile. Après quatre heures à bloquer sur un problème, il est toujours possible de se voir confier une autre mission pour apprendre de nouvelles choses, s’oxygéner l’esprit et revenir sur le problème initial avec les idées fraîches. De plus, être Data Analyste en start-up te permet de voir le résultat concret de ton travail directement. Par exemple je m’occupais de cibler certains clients, de calculer leur fréquence de consommation et à partir de cela, je pouvais prédire grâce aux données au bout de combien de temps ce client est le plus enclin à racheter un produit. Je pouvais également faire des prévisions de revenus fiables qui supportent les demandes de levées de fonds ou de crédits bancaire.


Un jour j’analysais des données, le suivant j’étais en réunion avec des banque pour surveiller l’impact du Brexit sur la livre sterling dont la variation pouvait affecter notre expansion en Angleterre. En start-up je pouvais être impliqué dans des missions au-delà de mon champ d’action et dans des domaines qui m’intéressent tout autant. Pour moi c’était la finance mais ça peut aussi être le Marketing.


Qu’aimes-tu dans le métier de Data Analyst ? Comment aimerais-tu qu’il évolue ?


J’ai particulièrement aimé le fait d’être autonome et de pouvoir travailler à mon rythme. C’est très satisfaisant, lorsque on arrive enfin à atteindre l’objectif et à trouver les réponses à ce que l’on cherche. J’aime le fait qu’il n’y à pas de limites à ce que l’on peut trouver et que c’est très utile dans absolument tous les domaines. Mon rôle était le ciblage des clients mais une autre entreprise peut se servir des données pour analyser la performance d’un logiciel ou d’un service par exemple. Concernant les évolutions, je pense principalement au Big Data. Je ne suis pas allé encore jusqu’au Big Data mais j’envisage de me former. Avec tout ce que l’on fait sur internet et avec nos téléphones, on produit une quantité de données considérable qui peut être exploité de milles façons.

Interview réalisé par Alix Armandon

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