Anna Boschetti partage avec nous son expérience au sein de la Maison Christian Dior Couture, dans laquelle elle travaille depuis dix ans, dont quatre ans en tant que Chef Produit et six ans en tant que Training Manager.

Pourriez-vous s’il vous plaît vous présenter et nous parler de votre parcours ?
Je suis diplômée de l’emlyon business school que j’ai intégrée après une classe préparatoire ECS. Ma carrière a commencé avec des stages chez Chanel, Yves Saint Laurent et Dior, Maison pour laquelle je travaille depuis dix ans. Une longue période au sein de la même entreprise est pourtant assez inhabituelle pour les jeunes actifs sortant d’école de commerce! Il y a trois raisons pour lesquelles j’ai choisi d’y rester. Tout d’abord, la Maison Dior est passionnante et mon émerveillement y est constamment renouvelé. Ensuite, cette Maison connaît de nombreux développements et il est captivant d’assister à tous ces changements. Enfin, Dior m’a permis de changer d’expertise métier : j’ai démarré en Retail, puis suis passée en Marketing, puis en Training, et à présent j’élargis mes compétences au développement durable avec ce poste double-casquette.
Pourriez-vous nous parler de la Maison Dior ?
Monsieur Christian Dior la décrivait comme la « Maison des rêves », et c’est une formule qui correspond très bien à la Maison. Elle porte un important héritage de couture, d’élégance à la française et de féminité épanouie. En effet, Christian Dior ne voulait pas simplement rendre les femmes plus belles, il voulait également les rendre plus heureuses ! Les notions de bonheur et d’épanouissement sont donc extrêmement importantes pour nous.
La Maison Dior est un lieu de haute créativité artistique dans tous ses univers (féminin, masculin, joaillerie...), mais également de préservation des savoirs faire d’excellence grâce aux ateliers Dior et aux ateliers partenaires de la Maison. Ces métiers d’arts, comme ceux de plisseur, plumassier ou de brodeur créent un véritable réseau de savoir-faire artisanal qui perdure.
Quelles sont vos missions en tant que Training Manager et qu’est-ce qui vous plaît le plus dans ce métier ?
J’ai aujourd’hui une double casquette, car je suis à la fois Training Manager pour le domaine du Retail (le Retail est la vente en boutique, ndlr) et pour le domaine du Développement Durable. En tant que Retail Training Manager, mon objectif est de former et développer des équipes Retail à même de contribuer à notre expérience client qui se doit d’être excellente. Je suis personnellement spécialisée dans l’univers Femme et l’expertise produit. Concrètement, cela signifie développer des parcours et des formations à travers des supports comme des présentations Powerpoint, des vidéos ou du mobile learning. Ce mélange de cours classiques et d’outils numériques s’appelle le Blended Learning. Il s’agit alors de former les formateurs de nos différentes académies (par exemple à Hong Kong, Tokyo ou Shanghaï), d’organiser des séminaires et des visites d’atelier, et ce avec une grande possibilité d’interaction simultanée afin que le parcours soit le plus engageant possible. En tant que Sustainability Training Manager, ma mission est d’apporter mon expertise pédagogique au département Développement Durable afin de l’épauler dans la conception et l’animation de parcours de formation autour de la durabilité. Cette expertise permet de transformer de l’information en une formation attractive et impactante, renforcée par la validation d’acquis. La formation a un rôle absolument clef à jouer dans l’accélération de la transition durable des entreprises, car ce sont au final les collaborateurs qui en sont la force motrice ! Le métier de Training Manager est peu connu mais passionnant. C’est un métier très transversal qui permet d’avoir le privilège de rencontrer des personnes travaillant dans tous les domaines, dans les studios artistiques, les ateliers ou encore les boutiques, et donc de passer des moments très forts avec des gens exceptionnels.
Quelles étaient vos missions en tant que Chef Produit et qu’est-ce qui vous plaisait le plus dans ce métier ?
Mon objectif en tant que Chef Produit était d’accompagner le lancement des collections, et j’avais donc un rôle d’interface avec les différents départements. J’assistais donc à l’ensemble du cycle de vie d’une collection : la réalisation des briefs au studio, la fixation des prix, la préparation et l’animation des showrooms, l’arrivée des collections en boutique, et enfin l’analyse des ventes. J’aimais beaucoup le moment de présentation des nouvelles collections, mais j’ai surtout apprécié la connaissance de mes forces et de mes faiblesses que m’a apportée ce métier. En effet, la connaissance de soi n’est pas si simple et il est très important de savoir capitaliser sur ses forces en trouvant un poste qui les mette en valeur.
Quelles sont à votre avis les qualités requises pour chacun de ces postes ?
Je pense que pour tout poste, un manager cherche avant tout quelqu’un avec qui il est agréable de travailler, qui sache faire preuve d’une grande intelligence relationnelle, d’enthousiasme, de dynamisme et d’un fort esprit d’équipe. En termes de capacités techniques, ce sont une grande capacité rédactionnelle en français et en anglais, une aisance dans la prise de parole, y compris auprès d’une audience senior, un bon esprit de synthèse et un sens esthétique développé qui sont nécessaires.
Quels sont selon vous et selon la Maison Dior les enjeux de demain pour l’industrie du luxe et la haute couture ?
Selon le rapport The State of Fashion 2022 (lien vers le rapport disponible à la fin de l’article, ndlr) co-écrit par Business of Fashion et McKinsey, il y a trois enjeux majeurs cette année pour l’industrie du luxe : la chaîne d’approvisionnement, le développement durable et la gestion de l’incertitude liée au contexte sanitaire, lequel a développé un « new normal » face auquel il s’agit pour les Maisons de prendre les bonnes décisions.
Auriez-vous des conseils à donner aux élèves de l’EM qui souhaiteraient postuler chez Dior ?
Je conseille aux élèves souhaitant postuler dès aujourd’hui de se rendre dans les boutiques Dior principales à Paris (la boutique mythique 30 avenue Montaigne doit rouvrir ses portes en mars, ndlr) afin d’en avoir une expérience terrain. Il me semble également nécessaire qu’ils aient une culture générale poussée du domaine de la Mode. Pour les élèves qui souhaiteraient postuler à long terme, je recommande vivement de faire une expérience professionnelle en boutique ! Cela permet d’être très proactif, d’échanger et de commencer à se constituer un réseau, tout en appréhendant les métiers de la vente et les objectifs des boutiques. J’ai moi-même fait mon premier stage en boutique, et la Maison propose des stages Retail de 2-3 mois à partir de juin ! Si vous souhaitez travailler pour l’univers de la Couture mais que vous ne parvenez pas à y accéder directement, je vous conseille de commencer en cosmétique, un domaine en pleine expansion dans lequel il est souvent plus facile de trouver des stages car de nombreux postes sont à pourvoir. Enfin, peu importe l’orientation de carrière que les étudiants choisissent, il faut que celle-ci les passionne car l’on consacre beaucoup de temps au travail, et être passionné permet de le faire avec plaisir.
La Maison Dior propose en ce moment des stages pour juillet, y compris au sein de la Dior Academy : https://www.dior.com/carrieres/.
Rapport de McKinsey et Business of Fashion, The State of Fashion 2022: https://www.mckinsey.com/~/media/mckinsey/industries/retail/our%20insights/state%20of %20fashion/2022/the-state-of-fashion-2022.pdf
Réalisé par Alix Marchand Tonel